Every reader is a potential writer, and every writer is a reader in actuality. Reading Writing is a subjective history of fiction and poetry and a personal meditation on the links between literature and two visual painting and cinema. Gracq’s poetics is founded upon the basic acts of reading and writing and on the relationship between the writer and his language.
This first English-language edition of En lisant en écrivant will mark a turning point in the public reception of Julien Gracq.
Julien Gracq (27 July 1910 – 22 December 2007), born Louis Poirier in St.-Florent-le-Vieil, in the French "département" of Maine-et-Loire, was a French writer. He wrote novels, criticism, a play, and poetry.
Gracq first studied in Paris at the Lycée Henri IV, where he earned his baccalauréat. He then entered the École Normale Supérieure in 1930, later studying at the École libre des sciences politiques.
In 1932, he read André Breton's Nadja, which deeply influenced him. His first novel, The Castle of Argol is dedicated to that surrealist writer, to whom he devoted a whole book in 1948.
It would not be inconsequential to ask oneself why, in this unending trial between word and image, the great monotheistic religions, of Israel as well as Islam, have thrown Images into the fire and kept only the Book. The word is an awakening, a call to excess; the figure a freezing, a fascination. The book opens a distant horizon to life, while the image bewitches and immobilizes it.
For me, painting remains the world that calls attention to its closed heart, at times in the form of ecstasies that may be repeated but may not resemble each other. Description is the world that opens its paths and becomes a path where someone is already walking or about to walk.
There are no saints of literature: nothing, even with the distance of glory and death, nothing but heretics locked up in their singular heresy, who do not want communion with the saints. There is a choir of dead painters in some empyrean who celebrate for us the ineffable joys of Peace in real Painting, from Vermeer to Chardin to Cézanne; neither Rimbaud, nor Baudelaire, nor Claudel, nor Racine, nor Stendhal, nor Rousseau, nor Flaubert will join anyone at all in the afterlife to celebrate some unifying life together in Poetry—and their garden of Eden will forever remain one of forking paths.
The refusal of any separation, the imperialism of the overall feeling that makes any real reading of a novel an indistinct tallying, very generally prevails over the intellectual pleasure of comprehension that disjoins, the fundamental, unitary rapture born of listening to a symphony.
Whenever I decide to get into a new-to-me writer I always check to see if they have a collection of essays / criticism, usually pays off to prep before tackling the fiction. Great essay on Proust and the limitations of his form in here. Now that I've read Reading Writing I feel ready to read more writing
Son ensayos sobre literatura escritos en la década de 1970, cuando Gracq era ya un lector maduro y un escritor consagrado. La mayor parte giran en torno al largo siglo XIX francés, de Chateaubriand a Proust, con énfasis en Stendhal, Balzac, Flaubert y Zola. Gracq fue un prosista extraordinario, riguroso con el lenguaje como un buen poeta; por eso no extraña que los mejores ensayos del libro sean sobre la técnica de la escritura literaria. El mejor de ellos se titula simplemente "Novela". No voy a negar que puede ser denso y la traducción no es la mejor, pero sobre todo hay muchos intereses y referencias demasiado coyunturales, o que no soportaron bien el paso del tiempo, y es difícil conectar con ellos.
Cet essai de Julien Gracq sur la littérature nous offre le regard sur son art d’un grand praticien, dont l’œuvre strictement romanesque était pratiquement terminée à la fin des années 1970 lorsqu’il publia « En lisant en écrivant ». Il se présente comme une succession de fragments ordonnés en chapitres (il y a une table des matières) mais cependant présentés de façon continue, comme si chacun représentait une sorte de moment concentré de la pensée, dans le flux continu de la réflexion, cependant que son articulation avec ceux qui le précèdent ou le suivent en augmentent la portée. L’ordre des verbes n’est pas neutre dans le titre : Gracq évoque ici ses lectures, et ce qu’elles lui font comprendre de l’art d’écrire, plus que sa propre pratique, et s’il tire des conséquences de ce qu’il lit sur le caractère ou le tempérament artistique des écrivains qu’il admire, il ne se risque pas à de grandes reconstitutions génétiques de telle ou telle œuvre. On est agréablement surpris de le voir se rencontrer, peut-être par hasard, avec Umberto Eco et sa réflexion strictement contemporaine sur le rôle et l’expérience du lecteur. Gracq connaît d'expérience, sans la conceptualiser formellement, la distinction entre lecteur modèle et lecteur empirique, et surtout la conception qu’a Eco du texte comme une machine paresseuse, qui incite en permanence à combler ses vides par l’inférence logique et l’imagination. C’est ainsi que Gracq nous propose une phénoménologie de la lecture : ce que l’œuvre d’untel ou d’untel, ou même tel roman particulier, provoque en nous. De ce point de vue son évocation est d’une irrésistible finesse. Sa description des univers comparés des grands romanciers du siècle précédent est d’ordre à la fois psychologique et quasi rythmique. C’est ici que son expérience de romancier resurgit : il sait toute la part artisanale de l’écriture, l’importance de la phrase, et montre comment l’aura unique d’une œuvre naît de la dialectique entre sa composition générale et son exécution minutieuse. Gracq ne se limite pas au genre romanesque : il évoque ici le théâtre, la poésie (où pour le coup je ne retrouve pas forcément mes sensations dans les siennes, alors même que la poésie, plus minutieuse encore que le roman, ne laisse guère à son lecteur la possibilité de s’égarer) ou le cinéma, peut-être un peu trop à travers le seul prisme de l’adaptation romanesque (forcément décevante). Comme Virgnia Woolf, il a l’amour exigeant. Il n’évoque pratiquement, dans « En lisant, en écrivant », que des œuvres aimées et longuement fréquentées. Il se montre pourtant impitoyable pour en signaler les faiblesses, mais on sent que ce n’est pas pour se placer en juge de dernière instance, laissant tomber des verdicts de la hauteur de sa chaire, mais pour comparer l’apport de leurs auteurs : Stendhal propose ceci qui fait défaut à Balzac ; en revanche Balzac découvre cela qui manque totalement à Stendhal. Le résultat est qu’on peut les connaître mieux et les aimer mieux, sans se décourager d’écrire soi-même puisque le roman idéal est parfaitement inaccessible, même pour ces géants, et qu’il est donc légitime d’essayer. La personnalité de Gracq se montre dans son estime bien connue pour une littérature que l’université considère parfois avec dédain comme populaire et commerciale : Simenon, Verne ou Tolkien qu’il croit même, dans son enthousiasme, déjà canonisé. Mais il révèle surtout, malgré son intérêt pour le surréalisme et son affection personnelle pour André Breton, son classicisme foncier. Gracq connaît manifestement la littérature et la foisonnante critique de son époque mais les cite peu (une référence à Jakobson par exemple). Il ne cite guère d’auteurs plus jeunes que lui : Camus (mais il est mort, son œuvre est close) et de façon rare et pour le coup très perspicace, Modiano. Le livre se termine par des réflexions sur la périodisation littéraire et Gracq avoue que son siècle d’élection reste le dix-neuvième. Son style aussi, incisif, poli méticuleusement, et bien qu’il accueille quelques audaces (des énumérations binaires sans ponctuation par exemple), a le lustré qui appelle les vieilles reliures.
Ce genre de livre qui réclame une telle culture littéraire qu'on s'y perd parfois et qu'on reste frustrée de son manque de connaissances pour saisir toutes le subtilités des propos de l'auteur. Un livre qu'on aborde à petite dose puisque la facture s'y prête, c'est tant mieux. Écrit en 1978 et publié en 1980, Julien Gracq ne nous épargne rien de son appréciation des auteurs du XVIIIe et du XIXe siècle, avec de petite incartades chez les philosophes Grecs de l'Antiquité. Mentions d'honneur pour Chateaubriand, Baudelaire, Mallarmé, Stendhal, Hugo et Rimbaud.