INFO LA DEPECHE. Ils recevaient la drogue dans des casiers Amazon ou Mondial Relay et la livraient à domicile : douze suspects mis en examen
Quatorze personnes ont été appréhendées par les gendarmes de la compagnie Toulouse-Mirail. Impliqués dans un trafic de stups présent dans l’ouest-toulousain, douze d’entre elles sont mises en examen. L’enquête a duré six mois.
Le compte Télégram inondait l’ouest toulousain de stupéfiants. Drive-in, livraison à domicile… tout était organisé pour écouler rapidement les substances illicites. Quatorze personnes ont finalement été appréhendées en début de semaine par 140 gendarmes, déployés dans toute la Haute-Garonne. "Ils étaient vêtus de noir et armés ! J’ai entendu l’officier crier lorsque l’individu a été interpellé. Ils ont cassé sa porte", raconte une habitante du Muretain, surprise par cette "descente matinale". Depuis ce vendredi soir, douze suspects, défendus par Mes Boscari, Derieux, Vatinel et Weill, sont mis en examen et incarcérés.
Six mois d’enquête
Les forces de l’ordre de la brigade de recherches de la compagnie Toulouse-Mirail mènent les investigations depuis le mois d’octobre 2024. L’enquête démarre par une petite transaction de drogue sur la commune de Saint-Lys. Très vite, les militaires multiplient les écoutes et les filatures, et utilisent des techniques de surveillance très pointues pour dessiner une organisation.
Leurs découvertes confirment les soupçons initiaux : une véritable filière permet aux clients de cette zone périurbaine de recevoir du cannabis, de la cocaïne et diverses substances prohibées. Le tout sans éveiller les soupçons des autorités.
Le réseau est structuré comme une entreprise à part entière. Certains sont chargés de l’approvisionnement. Ils commandent la marchandise à un fournisseur en Espagne, avant que des colis soient acheminés dans des casiers "lockers" Amazon et Mondial Relay, sous de fausses identités. Les paquets sont soigneusement fermés pour éviter que les émanations soient repérées. Une fois les lots récupérés, des "geeks" s’occupent de la communication sur les réseaux sociaux.

Si le projet de loi permettant aux forces de sécurité d’accéder aux services cryptés des trafiquants avait été adopté par l’Assemblée nationale, la mission des gendarmes aurait été plus simple. Toute cette structure s’est appuyée sur la messagerie chiffrée Télégram. Les trafiquants s’en sont servis pour faire leur publicité, annoncer des promotions et les nouveautés proposées.
Des armes et 30 000 € saisis
Après avoir appâté la clientèle, un point de retrait, inspiré d’un drive, est créé dans plusieurs communes de l’ouest-toulousain. Les consommateurs s’y rendent comme pour récupérer leurs courses. La transaction ne dure que quelques secondes. Ils se garent jusqu’à ce que des intermédiaires leur remettent leur commande, puis repartent. D’autres toxicomanes préfèrent être directement livrés à leur domicile. Cette méthode innovante et lucrative aurait généré des dizaines de milliers d’euros de profit chaque mois entre octobre 2024 et avril 2025.

Durant cette période, cette PME illégale a employé des nourrices chargées de conserver les stocks, des livreurs, des superviseurs et des comptables. Elle est dirigée par deux chefs de file. Tous les membres du groupe ont été arrêtés en début de semaine lors d’un vaste coup de filet. Lors des perquisitions, un scooter et deux voitures ont été saisis, près de 30 000 € retrouvés ainsi que cinq kilos de résine et 400 g de cocaïne. Les malfaiteurs possédaient également un fusil à pompe, une arme à canon scié et un modèle de chasse. Enfin, ils ont détruit plusieurs plantations de cannabis.


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