"Judas !" : il menace les gendarmes avec une baïonnette après une altercation routière à L’Honor-de-Cos

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l'essentiel En février, un sexagénaire a tenté d’écraser un automobiliste à L’Honor-de-Cos (Tarn-et-Garonne), brandit une baïonnette contre des gendarmes, puis provoqué le tribunal lors de son jugement le 8 avril. Entre propos décousus et scènes surréalistes, le sexagénaire est condamné à 18 mois avec sursis au tribunal de Montauban.

"Je vous demande de ne pas tenir rigueur des paroles et des actes de mon client durant l’audience", implore l’avocat de la défense, au début de sa plaidoirie. Et pour cause : la séance du 8 avril a été quelque peu singulière au tribunal judiciaire de Montauban (Tarn-et-Garonne).

Marc, nous le prénommerons ainsi, un sexagénaire, comparaissait pour des faits de violences sur gendarmes avec usage d’arme, ainsi que pour dégradation de bien appartenant à autrui. Le 16 février dernier, un couple de personnes âgées rentre de leurs courses à L’Honor-de-Cos. Sur le chemin, leur véhicule se fait violemment couper la route : "Il nous a bien vus arriver, on roulait doucement. Je l’ai klaxonné pour lui signaler de faire attention, je pensais que ça allait s’arrêter là", raconte Jacques, le conducteur.

Mais tout dégénère : l’automobiliste freine brusquement, puis recule volontairement dans la voiture du couple, avant de repartir comme si de rien n’était. Les victimes décident alors de le suivre jusqu’à son domicile. Jacques descend de voiture pour photographier la boîte aux lettres, espérant relever l’identité du conducteur. C’est à ce moment-là que ce dernier surgit et tente de l’écraser — à faible allure — forçant Jacques à faire un bond pour éviter l’impact.

"Heureusement qu’il a lâché son arme"

Alertée, la gendarmerie dépêche une patrouille quelques heures plus tard. À leur arrivée au domicile de Marc, l’homme s’écrie "Judas !" avant d’entamer une étrange danse d’accueil. Si la scène peut prêter à sourire, les deux gendarmes comprennent vite que la situation est instable. Ils activent leur caméra-piéton et s’approchent. Marc, dans un premier temps, leur fait signe de partir, puis les invite à le suivre dans un petit bureau.

C’est là que tout bascule : l’homme saisit une baïonnette de 25 cm, accrochée au mur, et la pointe en direction des militaires : "En 17 ans de carrière, je n’ai jamais sorti mon arme, ni même envisagé de le faire. Mais là, il s’est rapidement retourné et il devenait menaçant. Heureusement qu’il a lâché son arme, sinon ça aurait pu être une tout autre affaire", témoigne à la barre le Maréchal des logis-chef.

Des échanges lunaires

L’audience est aussi étrange que l’intervention. Dès les premières minutes, le prévenu, au bouc fourni et aux longs cheveux blancs attachés, tourne le dos à Emmanuelle Yvert, la présidente du tribunal. Celle-ci lui demande de se retourner : "Je consultais mon avocat." "Vous n’en avez pas l’utilité." "Je croyais que la parole était libre, Madame !" lance Jean.

L’audience s’est déroulée au tribunal judiciaire de Montauban.
L’audience s’est déroulée au tribunal judiciaire de Montauban. DDM illustration - CHANTAL LONGO

Rappelé un première fois à l’ordre, Jean continue l’interrogatoire en reconnaissant les faits, ce qu’il n’avait pas fait lors de sa première audition en gendarmerie. Il admet également ne pas avoir été dans son état normal ce jour-là : "Il y a certains moments dont je ne me souviens absolument pas. J’étais dans un état particulier. Quand on m’a montré la vidéo, j’étais choqué." Son état s’expliquerait par un trouble psychologique aggravé par un mélange d’alcool (0,79 mg/l) et de médicaments.

D’abord relativement ordonnés, les échanges basculent rapidement dans l’absurde. Les réponses du prévenu déstabilisent la présidente : "Je ne peux pas faire la question et la réponse, madame. La réponse est dans la question", lâche Jean.

"Vous allez changer de ton avec le tribunal"

Exaspérée, la magistrate perd peu à peu patience : "On se calme", lui rétorque le prévenu. "Mais vous vous croyez où ? Vous allez changer de ton avec le tribunal", gronde la présidente avant de le renvoyer à sa place.

Du côté des parties civiles, l’avocate du gendarme insiste : "L’usage d’une arme est très rare dans une carrière. Cela témoigne du danger vécu." Elle rappelle également les conséquences psychologiques : "Mon client m’a confié qu’il s’était senti très mal d’avoir failli tirer sur un homme".

Même son de cloche pour Jacques, représenté par son avocate : "Mon client est profondément choqué. Il a été traumatisé par cette tentative de collision. Le certificat médical lui prescrit quatre jours d’ITT".

"Il a le droit d’être original"

La défense tente d’atténuer les faits : "J’ai appelé dix fois mon client, je n’ai jamais eu la même personne au téléphone. Jean est souffrant, malade. […] Il est dans son monde, mais il n’est pas dangereux. Il est attiré par les rites et les sciences indiennes. Il a le droit d’être original." L’avocat terminera en déplorant des réactions excessives : "À la vidéo, il ne semble pas réellement menaçant".

Le tribunal condamne finalement Jean à 18 mois de prison avec sursis, assortis de l’interdiction de détenir une arme et de la confiscation de la baïonnette et du pistolet saisis à son domicile. En somme, il devra également verser 3 200 euros de dommages et intérêts aux victimes.

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