
POLITIQUE - A en croire ses partisans, rien ne s'est fait en cachette. François Hollande était dans la confidence du lancement de "En marche" par Emmanuel Macron, mercredi 7 avril à Amiens. Au Point, le député Pascal Terrasse affirme que la dernière fois qu'ils s'en sont parlé, c'était dimanche dernier au cours d'une réunion à l'Elysée. Y participait aussi Ségolène Royal.
Cette présence est d'autant moins anecdotique que d'une certaine façon, la ministre de l'Environnement peut devenir un modèle pour son collègue de l'Economie. Enfin, c'est surtout la candidate à l'élection présidentielle de 2007 qui l'inspire. Et particulièrement la plateforme qu'elle avait lancée quelques mois avant la primaire de 2006. Désirs d'avenir y était pour beaucoup dans sa large victoire face à Dominique Strauss-Kahn et Laurent Fabius.
Les mérites de la démocratie participative
La toile que la candidate socialiste a méticuleusement tissée à cette occasion va désormais être mise au service d'Emmanuel Macron. "Aujourd'hui, ce sont des réseaux dormants, mais ils existent, les fichiers d'adhérents existent, et tout cela va servir pour Emmanuel Macron", affirme Pascal Terrasse, qui fut lui-même un animateur actif de Désirs d'avenir. Aux plus belles heures du laboratoire d'idées, 10.000 adhérents participaient, un chiffre à faire rougir bon nombre de partis politiques traditionnels.
Il est vrai qu'il y a, dans ces deux expériences, des velléités communes. En 2006, Ségolène Royal a lancé Désirs d'avenir pour s'affranchir du PS -Macron évoque un mouvement transpartisan ni de droite ni de gauche- avec un modèle de démocratie participative qui rappelle aujourd'hui "l'horizontalité" défendue par Emmanuel Macron. "Ça commence ce soir et tout dépend de vous", a lancé le ministre de l'Economie pour conclure sa rencontre citoyenne, sorte de one-man-show lors duquel il promeut une interactivité avec les personnes présentes dans la salle.
Mais la réponse à la principale question posée par le lancement de "En marche" n'est toujours pas connue: quel est l'objectif final de la fusée qu'Emmanuel Macron a lancée dans la Somme? Il ne cesse de répéter que pour 2017, son candidat s'appelle François Hollande. Le regard bienveillant que Ségolène Royal semble porter sur l'initiative, au moment où elle est revenue dans le premier cercle élyséen, accrédite cette idée. En cas de renoncement du chef de l'Etat, en revanche, les jeux seront ouverts et la concurrence avec Manuel Valls exacerbée. Le premier ministre n'a pas beaucoup apprécié l'initiative de son rival. "Il serait absurde de vouloir effacer" les différences entre gauche et droite, a-t-il déclaré quand Emmanuel Macron estime que les clivages traditionnels sont "absurdes".