L’immigration temporaire a dépassé les capacités d’«absorption» du Canada, admet Trudeau
Justin Trudeau a admis que l’immigration temporaire des dernières années a atteint un rythme «bien supérieur à ce que le Canada a été en mesure d’absorber», avec des conséquences sur le coût du logement et le salaire dans certains secteurs de l’économie.
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En conférence de presse à Halifax, mardi, le premier ministre s’est fait demander si les politiques migratoires du pays avaient contribué à la crise du logement qui sévit dans toutes les provinces.
M. Trudeau a répondu que sa hausse de l’immigration permanente à 500 000 personnes par année d’ici 2025, puis plafonnée pour les années suivantes, demeure essentielle pour la «croissance nécessaire» à long terme du Canada.
«Cependant, a-t-il dit, au cours des dernières années, nous avons assisté à une augmentation massive de l’immigration temporaire, qu’il s’agisse de travailleurs étrangers temporaires ou d’étudiants étrangers en particulier qui ont augmenté à un rythme bien supérieur à ce que le Canada a été en mesure d’absorber.»
«Nous voulons faire baisser ces chiffres», a-t-il poursuivi, évoquant une «approche responsable» où le Canada maintient ses seuils d’immigrants permanents «tout en limitant un peu plus l’immigration temporaire, qui est à l’origine de tant de pressions dans nos communautés.»
Malgré quelques signaux récents en ce sens, il s’agit de la première fois que Justin Trudeau remet en question aussi clairement les seuils d’immigration du Canada et leurs impacts sur l’économie.
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Les chiffres de l’immigration temporaire
L’immigration temporaire a explosé depuis quelques années. Celle-ci est composée essentiellement de travailleurs étrangers et d’étudiants internationaux, et dans une moindre mesure, de réfugiés.
Ensemble, ces derniers représentent 7,5% de la population canadienne, soit plus du triple (2%) qu’en 2017, a déclaré le premier ministre. Mises ensemble, l’immigration permanente et l’immigration temporaire ont représenté 97,6% de la croissance démographique nette en 2023.
Cet accueil n’est pas étranger au fait que le Canada aurait atteint, la semaine dernière, le plateau des 41 millions d’habitants, ajoutant un million de personnes en neuf mois après avoir franchi le cap des 40 millions l’été dernier, selon les estimations de Statistique Canada.
Le gouvernement de François Legault a maintes fois décrié la gestion de l’immigration par Ottawa, le Québec étant la province qui accueille de loin le plus de réfugiés au pays, malgré un poids démographique à la baisse.
Ottawa veut ralentir
Au-delà des impacts sur les prix du logement, Justin Trudeau a indiqué que la dynamique actuelle a permis à de plus en plus d’entreprises à se fier à l’immigration temporaire «d’une manière à faire baisser les salaires dans certains secteurs de l’économie».
Prenant compte de la situation, le ministre fédéral de l’Immigration, Marc Miller, a récemment déclaré que l’immigration temporaire «attaque et affecte l’abordabilité» et a annoncé des mesures pour ralentir la cadence.
Après avoir réinstauré les visas obligatoires pour les Mexicains en février, le ministre a dévoilé son intention de réduire la proportion de résidents temporaires au pays, la faisant passer de 6,2% de la population générale à 5% d’ici 2027.
ESTIMATION DU NOMBRE DE RÉSIDENTS NON PERMANENTS
2021 : 1 305 000
2022 : 1 501 000
2023 : 2 199 000
2024* : 2 662 000
*Au premier trimestre de 2024. Source : Statistique Canada