Meung (Laos) envoyé spécial
Le gouvernement du Laos assure avoir mené à bien son objectif d'éradiquer la production d'opium dans le pays avant 2006. Mais les conséquences pour les populations autochtones sont désastreuses. Dans une case, ils sont une centaine d'anciens accros à l'opium, de six ethnies différentes, réunis pour «témoigner» du succès de la campagne antipavot. Le regard inquiet, ils parlent devant les représentants d'une ONG occidentale chargée de les aider. «On ne prend plus rien, on est très heureux, on apprend à travailler aux champs», récite l'un d'eux. Des représentants du gouvernement local sont présents. On devine un malaise. «Aujourd'hui ça va. Mais comme on ne gagne pas assez d'argent, pas sûr qu'on tienne longtemps», lance un vieil homme, les pupilles rétractées.
Triangle d'or. Nous sommes à Meung, dans une vallée reculée de la province de Bokéo, aux confins nord-ouest du pays. Pour arriver là, il a fallu remonter le Mékong dans la jungle sur cent cinquante kilomètres en bateau. D'un côté le Laos, de l'autre la Thaïlande puis la Birmanie. C'est le centre du Triangle d'or. Une piste boueuse conduit ensuite à travers la forêt vers cette vallée, où une dizaine d'ethnies ont été déplacées des hauts plateaux par les autorités : habitations en bambou sur pilotis, enfants mal nourris, femmes parées de pièces d'argent datant de l'Indochine, hommes torse nu revenant de la chasse, quelques champs mal cultivés... Dans le village principal, des jeunes mieux vêtus qu