QUELQUES REMARQUES SUR LE LOGEMENT DES PARISIENS AU XIXe SIÈCLE
par A. DAUMARD
Dans toutes les sociétés fondées à l'origine sur l'agriculture sédentaire, le besoin d'être logé dans une maison apparaît comme une nécessité vitale. Mais le désir de disposer d'un logement indépendant par ménage est un des traits de l'individualisme de la société libérale contemporaine et peut-être d'une conception des rapports sociaux liée au triomphe des valeurs bourgeoises au xixe siècle. Ce désir s'oppose en effet aux structures archaïques de la famille qui, chez de nombreux campagnards et dans une partie de l'aristocratie d'origine nobiliaire, garde une forme patriarcale impliquant la cohabitation de plusieurs générations. Il est aussi en contradiction avec la condition des plus déshérités bien souvent obligés, au XIXe siècle, de vivre collectivement dans des garnis populaires ou dans les hospices de vieillards.
L'étude cependant est difficile. Même limitées à la capitale, l'analyse des conditions de logement au xixe siècle et la recherche de l'influence que celles-ci ont pu avoir sur la vie des Parisiens pourraient faire l'objet de plusieurs gros ouvrages d'érudition. Plus difficile encore serait d'établir les rapports entre la situation démographique et celle du logement : si des corrélations peuvent être constatées dans le temps ou dans l'espace, est-on, pour autant, autorisé à établir un lien de cause à effet ? Tâche difficile pour le démographe, dans l'état actuel des recherches, tâche que l'historien non spécialisé en la matière ne peut aborder sans les plus grandes précautions. Aussi je me propose de présenter ici seulement quelques résultats, beaucoup plus d'hypothèses, et surtout de poser des questions sur deux aspects du problème : l'influence du logement sur la répartition des Parisiens dans les divers quartiers de la capitale, et la diversité des conditions de logement à Paris. Mais, avant, il faut faire un bref rappel des sources fondamentales.
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