Protesters react while tires burn in the street during a demonstration following the resignation of its Prime Minister Ariel Henry, in Port-au-Prince, Haiti. ©AFP - CLARENS SIFFROY / AFP
Protesters react while tires burn in the street during a demonstration following the resignation of its Prime Minister Ariel Henry, in Port-au-Prince, Haiti. ©AFP - CLARENS SIFFROY / AFP
Protesters react while tires burn in the street during a demonstration following the resignation of its Prime Minister Ariel Henry, in Port-au-Prince, Haiti. ©AFP - CLARENS SIFFROY / AFP
Publicité

Nous faisons le point sur la situation en Haïti, actuellement en proie à des violences qui rendent la vie presque impossible dans le pays...

Se pencher sur Haïti c'est pratiquer l'autopsie d'un Etat failli, regarder un pays où plus rien ne fonctionne. Une vaste majorité de la capitale du pays, Port au Prince, est sous le contrôle des gangs. Ils y font régner la terreur à l'arme lourde. Les morts comme les enlèvements se comptent en centaines. Il est impossible de s'y rendre par voie aérienne. Les liaisons vers l'île ont toutes été suspendues depuis une récente attaque contre l'aéroport. Attaques aussi contre des prisons pour faire libérer des milliers de détenus. Attaques enfin contre des terminaux pétroliers qui provoquent des pénuries de carburants. Haïti a sombré dans l'anarchie. L'Etat ne cesse de s'effondrer depuis l'assassinat du président Jovenel Moïse il y a trois ans. Celui qui l'avait remplacé, le premier ministre Ariel Henry, vient de démissionner et de prendre la fuite. La population est livrée à elle-même et à ces hommes qui font la loi à coups de fusil. Il n'y a plus d'exécutif, plus de parlement, plus de justice. Insécurité et misère. La crise humanitaire atteint des proportions qui n'avaient plus été vues depuis le tremblement de terre de 2010. Il avait fait près de 300 000 morts et laissé plus d'un million d'Haïtiens sans abris. Comme à l'époque, des pans entiers de la population traversent la frontière pour rejoindre la Républicaine Dominicaine. Incapable de gérer un tel afflux, le pays voisin reconduit la plupart des arrivants.

Les pays de la région se mobilisent, cela peut-il changer quoi que ce soit pour les Haïtiens ?

Flanquées par les Etats Unis, la France et l'ONU, les pays des Caraïbes paraissent dépourvus face à l'ampleur de la crise. Une partie de la population haïtienne mise sur une échéance qui tarde à se matérialiser. L'établissement d'un conseil présidentiel de transition. La communauté internationale observe, impuissante, et hésite sur la manière de faire émerger cette solution. Elle nécessitera d'abord de se mettre d'accord sur les membres de cet organe de transition. Le sujet est loin de faire consensus. L'intervention la plus concrète reste à l'état de promesse. A la demande des Etats-Unis...le Kenya a promis de déployer une force de quelque 1000 policiers sur l'île. Mais, il affirme qu'il ne pourra pas les dépêcher sur place tant qu'il n'y aura pas d'administration avec laquelle dialoguer. Washington envisage de débloquer cent millions de dollars pour financer cette mesure de stabilisation. Les Nations Unies viennent d'annoncer un pont aérien entre la République Dominicaine et Haïti. L'aéroport de Port au Prince étant bloqué, l'acheminement d'aide humanitaire n'est toujours pas possible.\

Publicité

Beaucoup de promesses et de solutions temporaires mais ne faudrait-il pas quelque chose de plus radical ?

Pour la première république noire indépendante au monde, des solutions radicales impliqueraient des choix douloureux. Après avoir chassé les colons français en 1804, peut-être faudrait-il qu' Haïti accepte une forme de tutelle.  Repartir à zéro...faire du "nation building" comme disent les Américains...accepter de renoncer temporairement à sa souveraineté. Un temps pendant lequel la communauté internationale y rebâtirait un Etat et ses services. La première des priorités serait évidemment le rétablissement de la sécurité. Mais plus le temps passe, plus les gangs consolident leur mainmise sur l'île. Une emprise dont le pouvoir local porte l'entière responsabilité. Pendant des décennies les gouvernants haïtiens ont instrumentalisé les gangs pour asseoir leur pouvoir et opérer selon une logique de prédation. Ils ont fini par perdre le contrôle de ces nervis qui s'imposent désormais comme les interlocuteurs incontournables pour des discussions sur l'avenir du pays.

L'équipe

  • Gallagher Fenwick
    Production
pixel