"A jamais jumelles dans une mort atroce", après les féminicides de deux étudiantes, l’Italie en émoi réclame une "révolution culturelle"

  • Deux féminicides ont été commis à quelques jours d’intervalle en Italie, suscitant une vague d’indignation
    Deux féminicides ont été commis à quelques jours d’intervalle en Italie, suscitant une vague d’indignation Image d'illustration - Pixabay
Publié le , mis à jour
La rédaction avec AFP

l'essentiel Ilaria Sula et Sara Campanella, deux étudiantes italiennes de 22 ans, ont toutes les deux été tuées, l’une par un ex-compagnon et l’autre par un camarade éconduit. Une vague d’indignation a depuis saisi le pays, qui réclame des mesures pour lutter contre les violences de genre.

C’est l’onde de choc en Italie après deux féminicides survenus dans le pays, à seulement quelques jours d’intervalle. Ilaria Sula et Sara Campanella, deux étudiantes âgées de 22 ans, ont toutes les deux été tuées, l’une par son ex-petit-ami, l’autre par un prétendant éconduit. Elles sont désormais "à jamais jumelles dans une mort atroce", selon les mots du quotidien La Repubblica. De nombreuses voix s’élèvent désormais dans le pays en faveur d’une "révolution culturelle" contre les violences de genre.

Ilaria Sula, 22 ans, étudiante en statistiques à l’université La Sapienza de Rome, a été attaquée à l’arme blanche par Mark Antony Samson, un étudiant en architecture avec qui elle avait rompu et qui, selon la presse, a avoué le crime. Son corps a été retrouvé plusieurs jours après sa disparition le 25 mars dans une valise abandonnée au milieu des immondices d’une décharge sauvage non loin de la capitale.

Sara Campanella, une étudiante elle aussi âgée de 22 ans, a été assassinée lundi à Messine, en Sicile, en pleine rue, devant de nombreux témoins, par un camarade d’université, Stefano Argento, obsédé par la jeune femme, qui l’avait éconduit. Lui aussi aurait confessé son crime.

Ilaria dopo Sara: i destini delle ragazze uccise per un no https://t.co/755I6fA6fm pic.twitter.com/RQ88W4i1PM

— Repubblica (@repubblica) April 3, 2025

A lire aussi : "Elle voulait juste qu’il la laisse tranquille" : une étudiante de 22 ans tuée par un homme qui la harcelait depuis 2 ans

Des rassemblements à travers le pays

Plusieurs rassemblements ont eu lieu en Italie après ces meurtres pour dénoncer les féminicides et exiger des mesures fortes contre les violences faites aux femmes. "Un autre monde est possible", pouvait-on lire sur une banderole pendant d’une marche de plusieurs centaines d’étudiants mercredi devant La Sapienza à Rome. "Ce n’est pas une pulsion, c’est du patriarcat", disait un placard au même moment à Messine au cours d’une manifestation.

"Nous avons besoin d’une révolution culturelle", estimait de son côté jeudi le quotidien de référence, Il Corriere della Sera. "Il faut éduquer à la non-violence et au respect de l’autre les enfants, les adolescents, les jeunes. C’est une urgence. Nous ne pouvons plus attendre".

99 féminicides en 2024

Aucun recensement harmonisé des féminicides n’existe en Italie. L’institut de la statistique fournit des chiffres annuels, le gouvernement des données trimestrielles. Le ministère de l’Intérieur a compté 10 femmes tuées par leur partenaire ou ex-partenaire affectif sur les trois premiers mois de l’année (contre 13 sur la même période l’an dernier). L’association "Pas une de moins", dont l’Observatoire national répertorie les crimes contre les femmes, les lesbiennes et les trans, fait quant à elle état de huit féminicides depuis le 1er janvier. En élargissant le spectre à tous les homicides de femmes commis dans l’entourage familial ou affectif, le nombre des féminicides s’établit, pour 2024, à 99 selon le ministère (dont 61 femmes tuées par leur partenaire ou ex-partenaire), 97, selon "Pas une de moins".

En décembre dernier, Filippo Turetta, un étudiant de 22 ans qui avait poignardé à mort son ex-petite amie Giulia Cecchettin un an plus tôt, a été condamné à la perpétuité. Ce crime avait bouleversé l’Italie et relancé le débat sur les violences faites aux femmes. Mais, depuis, déplore Il Corriere della Sera, si "quelques mesures ont été prises", "elles ne suffisent pas, elles ne sont pas décisives".

Le gouvernement italien a adopté début mars une réforme faisant du féminicide un crime à part entière et non plus une simple variante de l’homicide, la Première ministre Giorgia Meloni saluant alors "un nouveau pas en avant […] pour contrecarrer la violence envers les femmes".

Pour Il Corriere della Sera, "aucune norme, aucun instrument législatif ne peut entraver la détermination de qui, mu par la haine, a décidé de tuer". La Repubblica, qui a titré jeudi sur "Le massacre des jeunes femmes", appelle également à une grande mobilisation pour "l’enseignement, la culture, la dissuasion, la protection, la formation, dans les écoles, les bureaux, les universités, à la télévision, partout".

Et Il Corriere exhorte à ne "pas politiser" les féminicides après que le ministre de la Justice, Carlo Nordio, membre du parti post-fasciste Fratelli d’Italia de Giorgia Meloni, a stigmatisé "les jeunes adultes appartenant à des ethnies qui n’ont pas la même sensibilité que nous envers les femmes". "La violence n’a pas de couleur, la violence n’a pas de drapeau", lui a répondu l’éditorialiste Amelia Esposito dans Il Corriere.

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Les commentaires (4)
alaincheri Il y a 2 jours Le 04/04/2025 à 11:33

surtout ne pas politiser alors que partout dans le monde la politique tue , à la base responsable , la gauche .

Berotcho Il y a 1 jour Le 05/04/2025 à 07:20

Tenter de politiser des crimes odieux, commis par des êtres lâches et profondément méprisables, dans tous les est auss odieux, lâche et méprisable@alai.

Comment oses tu utiliser ces frames affreux qui se déroulent dans tous les pays, à des fins de politique politicienne ?
Il faudrait enfin apprendre le mot respect!


6hif Il y a 2 jours Le 04/04/2025 à 11:26

une grande mobilisation pour "l'enseignement, la culture, la dissuasion, la protection, la formation, dans les écoles, les bureaux, les universités, à la télévision, partout". Qui veulent -il enseigner ? cultiver ? etc Mais surtout ne pas politiser !! Et pendant ce temps là des jeunes femmes meurent !!

lateteamicron Il y a 2 jours Le 04/04/2025 à 08:12

contre les violences de genre.
j'aime bien quand la depeche glisse un terme wokiste en douceur
contre les violences faites aux femmes point barre